Cheikh SENE Enseignant-chercheur au Département d’ingénierie juridique de l’Université Alioune DIOP de Bambey
Depuis plus de deux décennies, le Sénégal s’est lancé dans un vaste chantier de modernisation de ses infrastructures routières. Toutefois, la construction de telles infrastructures constitue souvent un véritable bourreau pour la population de Dakar.
Les travaux de construction du TER et du BRT en sont une illustration parfaite. Ces ouvrages ont été à l’origine du déguerpissement de plusieurs ménages démunis dans un contexte où l’obtention d’un logement décent s’avère très difficile. Ainsi, la destruction de plusieurs habitations domestiques, d’ateliers de travail d’ouvriers, de certains lieux de commerce a provoqué une grande instabilité et un appauvrissement considérable de beaucoup de ménages.
L’aménagement des barrages routiers occasionne des bouchons dans plusieurs artères de Dakar rendant difficile l’accès au centre-ville où sont concentrées l’essentiel des activités économiques. Des embouteillages monstrueux sont présentés pratiquement aux heures de travail et aux heures de descente entrainant un ralentissement de l’économie, rendant la vie des populations très pénible.
La construction des infrastructures routières s’effectue généralement sur une période particulièrement longue. Ces lenteurs provoquent une violation flagrante des droits des populations et leur cause des préjudices énormes. Les travailleurs du secteur informel sont aussi particulièrement touchés. La Région de Dakar présente une situation géographique spécifique, ainsi, la forte concentration d’une population de 4146594 habitants sur une superficie de 547 km2 pose un réel problème d’aménagement du territoire. Les politiques d’urbanisation défectueuses instaurées depuis l’indépendance sont aujourd’hui la cause majeure des occupations anarchiques dans les quartiers périphériques et même dans certaines zones du centre-ville. Le défaut de maîtrise des ouvrages publics surtout en matière d’assainissement constitue un facteur déterminant dans les inondations. De surcroît, le manque de matériels appropriés pour le drainage des eaux usées domestiques et les agressions quotidiennes des canalisations installées par l’Etat ainsi que l’absence de dispositions pénales appropriées permettant de contrecarrer la délinquance environnementale, sont là, autant de facteurs qui gangrènent le vécu quotidien de la population. A cela s’ajoute l’anarchie dans les techniques de construction des habitations et dans l’installation des entreprises qui se soucient peu des préoccupations de la population.
Notre recherche a pour objet d’étudier les facteurs principaux qui gangrènent le vécu quotidien des habitants de Dakar pendant la construction des infrastructures publiques et de proposer des solutions permettant d’assurer le respect des droits des populations dans l’exécution des politiques d’urbanisation instaurées par l’Etat.